Recourir, ou non, au nucléaire civil. Le débat n’est pas nouveau au Maroc, mais le temps d’un séminaire à Rabat, l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Fouad Douiri (du parti de l’Istiqlal) a reposé la question.
Pour les autorités, la décision est prise, indique le quotidien L’Economiste dans son édition du lundi 11 mars. Il y a plus d’un an, la ministre de la Transition énergétique et du Développement rural, Leila Benali a déclaré que «le Maroc envisage la construction de réacteurs nucléaires pour la production d’énergie dans le cadre d’une stratégie visant à accroître la dépendance aux sources d’énergie renouvelables», rappelle le quotidien.
Mieux, en octobre 2022, la Russie avait annoncé l’approbation d’un accord de coopération en matière de nucléaire civil au Maroc. Ce qui devrait passer par le développement de gisements d’uranium, la construction de réacteurs, le développement de stations de dessalement et d’infrastructures, la formation, le capital humain, etc.
Lors de la World Nuclear Exhibition à Paris en 2023, Rafael Mariano Grossi, DG de l’Association internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait annoncé que «le Maroc fait partie des 13 futurs pays qui produiront de l’énergie atomique, d’ici quelques années» au même titre que le Nigeria, le Ghana, la Namibie, le Kenya, les Philippines, l’Ouzbékistan et le Kazakhstan…
L’Economiste évoque également les conclusions d’un rapport du Centre marocain de conjoncture pour lequel le développement de l’énergie nucléaire se présente comme une voie prometteuse face au déficit grandissant en source d’énergie. Le CMC plaide ainsi pour le recours aux petits réacteurs, «compte tenu de leur taille, de leur flexibilité, de la simplicité de leur mode de gestion et de leur compétitivité».
L’option nucléaire pose néanmoins de nombreux problèmes de politique publique, par rapport à la sécurité, l’analyse des risques et le coût des investissements. «Au cas où le Maroc se résout à aller vers cette voie, ce sera d’autant plus intéressant que même la matière première du nucléaire, qu’est l’uranium, soit produite au Maroc et à partir du Niger», estime l’expert marocain en énergie, Anas Abdoun. Et d’ajouter que «le nucléaire doit faire l’objet d’un débat public pour qu’il y ait un consensus national autour du choix d’aller ou non vers cette transition».