Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, le Ghana, la Corée du Sud, les Émirats Arabes Unis… Vingt-deux pays se sont engagés à tripler les capacités de production nucléaire d’ici à 2050, samedi 2 décembre, dans le cadre de la COP 28. «Ces États jugent central le renouveau de ce type d’énergie pour atteindre la neutralité carbone. Ils estiment cette source propre, sûre et fiable, en complément du renouvelable».
Au Maroc, l’heure est également à la réflexion sur cette question, souligne le magazine Challenge dans son édition de cette semaine. La déclaration récente du patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) renforce cette idée. Selon ce dernier, «Une douzaine de pays devraient commencer à produire de l’électricité à partir de sources nucléaires dans les prochaines années», citant, outre le Maroc, le Ghana, le Kenya, le Nigeria, la Namibie, les Philippines, le Kazakhstan ou encore l’Ouzbékistan.
Les ambitions du Maroc dans le domaine du nucléaire civil ne sont pas nouvelles. «Le Maroc accorde une attention particulière aux petits réacteurs modulaires (PRM) du fait de leurs nombreux avantages, notamment leur adaptabilité, qui facilite l’intégration», avait déclaré en septembre Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, dans une déclaration adressée au forum scientifique de l’AIEA.
Première utilisation possible, précise Challenge, l’eau. Avec la rareté de la ressource hydrique, dans de nombreuses grandes villes, la seule solution pour éviter de transporter sur de longues distances l’eau provenant des sources naturelles est d’avoir recours au dessalement de l’eau de mer. A l’heure actuelle, le dessalement constitue le seul moyen rentable d’obtenir de l’eau en dehors des sources classiques, et c’est la seule technique qui puisse être appliquée à l’échelle industrielle.
«Pendant les dix dernières années, la capacité de dessalement a augmenté de 18% par an et il est presque certain que ce taux de croissance sera beaucoup plus élevé au cours des prochaines années. Alors même si la technologie du dessalement est une alternative au stress hydrique, la question du coût de l’énergie est un défi. Et aujourd’hui, la source d’énergie nucléaire semble être une alternative», lit-on.
Le Maroc voit dans ce procédé une piste intéressante pour le développement de son écosystème de stations de dessalement. Le protocole d’accord entre l’entreprise marocaine Water and Energy Solutions et Rosatom dans le domaine du dessalement est un fait éloquent qui étaye les ambitions du Maroc dans ce chantier.
Cité par Challenge, l’Expert en énergie Amine Bennouna, explique que si le Maroc se dote d’une centrale nucléaire, chaque réacteur nucléaire conventionnel aura une puissance pouvant largement alimenter 8 stations comme celle de Casablanca, ce qui est trop pour le Maroc d’aujourd’hui.
De son côté, l’Expert en durabilité, Omar Benaicha, confirme que «le Maroc a des ambitions dans le domaine du nucléaire énergétique». Cependant, pour lui, cette technologie a des coûts énormes. «Ceci étant, il faut reconnaître que l’énergie nucléaire est un bon moyen pour réduire le coût du dessalement et avoir évidemment un dessalement propre. En termes de timing, je ne pense pas que cette ambition est pour aujourd’hui puisque la priorité qui est affichée au plus haut sommet de l’Etat c’est d’avoir une offre de l’hydrogène vert».