Les cliniques privées s’insurgent contre le retard dans l’octroi d’autorisations d’exploitation, le SGG pointé du doigt

Des médecins dans un bloc opératoire. (Photo d'illustration)

Le constat est alarmant: le secteur privé de la santé est aujourd’hui paralysé par une bureaucratie asphyxiante. Cliniques, laboratoires et centres de radiologie se trouvent pris au piège d’un processus d’autorisation devenu un véritable parcours du combattant. Autrefois perçu comme une formalité presque routinière, ce processus est désormais synonyme d’attente interminable et d’incertitude. Explications.

Le 29/03/2024 à 20h06

Auparavant, lancer ou moderniser une clinique relevait d’une démarche structurée en deux temps: l’acquisition d’une autorisation préalable suivie par celle, définitive, permettant l’exploitation. Cette procédure, bien que complexe, était fluide et prévisible. «Les acteurs du secteur savaient à quoi s’attendre et pouvaient planifier en conséquence, avec un délai moyen s’étendant de trois semaines à un mois pour franchir toutes les étapes, de la validation du projet par le Conseil national de l’ordre des médecins et le ministère de la Santé à l’approbation finale par la Direction des professions réglementées et ordres professionnels, relevant du Secrétariat général du gouvernement (SGG)», nous explique un opérateur privé de santé.

Cependant, cette efficacité semble appartenir au passé. «La procédure est devenue un véritable casse-tête, le passage par la Direction des professions réglementées et ordres professionnels au sein du SGG étant devenu le goulot d’étranglement le plus critique. Ce qui se traduisait auparavant par une attente de quelques semaines s’étend désormais sur des mois, bafouant tout sens du délai légal et plongeant les professionnels dans un abîme d’incertitude», déplore notre source.

Le décalage entre les attentes et la réalité est frappant, en particulier lorsque l’on considère le cadre légal censé régir ces processus. «Le délai légal pour obtenir une réponse après le dépôt du dossier à la délégation préfectorale de la santé est fixé à deux mois, une échéance désormais souvent dépassée, alimentant les frustrations», fait-on observer.

Ces retards ne sont pas seulement des tracas administratifs, ils représentent des entraves réelles au développement du secteur de la santé privé, notamment dans le cadre de la généralisation de la protection sociale. «Derrière chaque dossier en attente se cachent des investissements colossaux, parfois bloqués indéfiniment. Ces obstacles bureaucratiques entravent non seulement l’expansion des infrastructures médicales, mais compromettent également l’accès des patients à des services de santé innovants et de qualité», commente notre source.

Les appels se multiplient pour un respect des délais

La frustration est palpable au sein du secteur, où l’on déplore la transformation d’un processus autrefois efficace en un véritable calvaire bureaucratique. Les appels se multiplient pour un respect des délais qui permettrait de restaurer la fluidité et l’efficacité perdues. La question reste de savoir si la Direction des professions réglementées et ordres professionnels prendra les mesures nécessaires pour répondre à ces préoccupations légitimes et faciliter l’expansion tant nécessaire du secteur de la santé privée au Maroc.

«Il est impératif que la Direction des professions réglementées et ordres professionnels prenne conscience de l’urgence et agisse sans délai pour débloquer ce goulet d’étranglement administratif. Le secteur de la santé privée mérite mieux qu’une paralysie due à des procédures obsolètes et contre-productives. Il en va de la capacité de notre pays à offrir des soins de qualité à sa population, mais aussi de sa capacité à innover et à attirer les investissements dans un secteur clé de notre économie. L’heure n’est plus à la passivité», conclut cet opérateur. La nécessité d’une intervention rapide, mais surtout décisive, n’a jamais été aussi pressante. Affaire à suivre…

Par Nisrine Zaoui
Le 29/03/2024 à 20h06