À la tête de la représentation diplomatique française en Algérie pendant plus de sept ans, Xavier Driencourt est devenu, au fil des jours, un féru (non passionné) du régime algérien. L’ambassadeur, connu pour sa formule «l’Algérie c’est à la fois de la politique étrangère et intérieure», érigée au rang de maxime, a livré au quotidien français Libération de nouvelles vérités sur l’ombrageux modus operandi de l’appareil politico-militaire algérien, qu’il a lui-même subi de plein fouet.
Dans son numéro du lundi 4 mars, Libé est revenu sur une partie du parcours des plus atypiques de Xavier Driencourt à Alger. Ce dernier, que le journal de gauche qualifie d’«ex-pilier du ministère des Affaires étrangères où il a occupé les plus hautes fonctions» et de «fin connaisseur de l’Algérie», révèle qu’il a été négativement marqué durant ses sept ans en terre algérienne.
Pour Xavier Driencourt, on ne revient pas indemne d’Algérie. «Sept ans là-bas, ça marque», déplore-t-il dans les colonnes du quotidien français, soulignant l’existence d’un «système» qui ne carbure in fine qu’à la «peur».
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Le diplomate détaille également, en peu de mots, les sempiternelles victuailles dont se nourrit, partiellement mais néanmoins continûment, le corps valétudinaire du régime algérien pour végéter: «La haine contre les Français, ces ministres algériens qui lui disaient “la France est notre ennemi permanent et éternel”, tout en demandant des places au lycée français, des visas. Attraction-répulsion, la guerre au fond pas vraiment terminée», cite Libération.
Macron qui humilie Bouteflika
Xavier Driencourt, qui appelle, dans le même sens, à revenir sur l’accord franco-algérien qui régit depuis 1968 la circulation, le travail et le séjour des Algériens avec des avantages, notamment en matière de durée de visa et de regroupement familial, s’est également souvenu de la première rencontre en 2017 entre l’actuel président français, Emmanuel Macron, et Abdelaziz Bouteflika, ancien président algérien pendant vingt ans, décédé en septembre 2021. Une rencontre assez originale au cours de laquelle le premier a scrupuleusement passé un savon au second.
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«Xavier Driencourt l’a reçu (Emmanuel Macron, ndlr) à Alger, après son élection, d’abord bluffé par l’énergie, son parler “cash”, capable d’assener à Bouteflika “vous êtes responsable des malheurs de votre jeunesse”», poursuit le média. Mais il aura suffi de quelques mois seulement pour voir surgir un nouveau Macron, en train de «s’empêtrer, multiplier les concessions, les gestes mémoriels, sans contrepartie», observe le diplomate, qui s’interroge: «Pourquoi cette absence de ligne et de fermeté?»
Par ailleurs, le livre «Énigme algérienne: chroniques d’une ambassade à Alger» de Xavier Driencourt, publié aux éditions de l’Observatoire, lâché tel un obus en Algérie au moment de sa parution, n’a rien perdu de sa superbe. «Vendu à plus de 6.000 exemplaires avec une prochaine édition en poche, il a été unanimement salué par la presse, du Monde au JDD, de France Culture à Valeurs actuelles. Liberté de ton inédite, analyse osée de la relation franco-algérienne narrée comme une histoire passionnelle, minée, toxique», fait valoir Libération.