L’affaire Imane relance le débat sur la protection des femmes contre la violence

Les militantes appellent à une mobilisation nationale pour garantir à toutes les femmes victimes de violences, justice, dignité et protection.. Copyright (c) 2024 Tinnakorn jorruang/Shutterstock. No use without permission.

Revue de presseImane, 20 ans, victime de viol, de mariage forcé et d’une agression brutale en pleine rue par son ex-mari, est devenue le symbole tragique des failles persistantes dans la protection des femmes au Maroc. Son histoire relance le débat sur la législation actuelle et l’impunité des auteurs de violences. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 25/09/2025 à 19h18

Un nouvel appel des associations de défense des droits humains a mis en lumière le drame vécu par Imane, une jeune femme de 20 ans originaire de Taza. Son ex-mari, un récidiviste de 30 ans, l’a violemment agressée en pleine rue à l’aide d’un couteau, lui infligeant de graves mutilations au visage et une profonde blessure à la main nécessitant plusieurs dizaines de points de suture.

L’homme, rapidement arrêté par la police judiciaire de Taza, n’en était pas à son premier crime, rappelle le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du vendredi 26 septembre. Son histoire avec la victime illustre un engrenage de violence institutionnalisée. Il avait d’abord violé Imane, la laissant enceinte. Afin de pouvoir enregistrer leur enfant à l’état civil, la jeune femme avait été contrainte d’épouser son agresseur. Ce mariage forcé, décrit par les associations comme une «double peine», s’est transformé en enfer, marqué par des violences répétées, jusqu’à ce qu’Imane obtienne le divorce. Mais six mois plus tard, son ex-mari est revenu la traquer, aboutissant à l’agression barbare qui a bouleversé l’opinion publique nationale.

Face à cette affaire, des organisations féministes et des militants des droits humains ont lancé un appel urgent pour soutenir la victime et réclamer des réformes légales, écrit le quotidien. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont exprimé leur solidarité avec Imane et exigé des sanctions exemplaires contre l’agresseur, ainsi qu’une révision de la loi 103-13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, jugée insuffisante.

Citée par Al Ahdath Al Maghribia, Bouchra Abdo, directrice de l’Association Tahadi pour l’égalité et la citoyenneté, a souligné que «la protection d’Imane passe par un accompagnement juridique et psychologique, mais surtout par une révision en profondeur de la loi qui permet encore, de manière implicite, le mariage d’une victime avec son violeur». Pour elle, cette disposition revient à légitimer la violence au lieu de protéger les femmes.

La mobilisation associative ne se limite pas au seul soutien d’Imane. Plusieurs collectifs, dont l’Association des jeunes femmes pour la démocratie, ont dénoncé «l’impunité qui nourrit la répétition de telles tragédies» et demandé une réforme urgente du cadre juridique. Dans un communiqué, elles estiment que l’histoire d’Imane (viol, mariage forcé, violences conjugales et agression publique) révèle «l’échec structurel du système de protection des femmes au Maroc».

Pour ces organisations, cette affaire représente bien plus qu’un fait divers. Elle constitue un test pour l’État, sommé de respecter ses engagements internationaux, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et la Déclaration universelle des droits de l’homme. Les militantes appellent à une mobilisation nationale pour garantir à Imane, et à toutes les femmes victimes de violences, justice, dignité et protection.

Par La Rédaction
Le 25/09/2025 à 19h18