Casablanca, une mégapole anarchique

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Revue de presseKiosque360. Les responsables de la mairie de Casablanca ne cessent d’être mis à l’index à cause de leur gestion critiquable de la ville. En cause: les échecs de la gestion déléguée, l’occupation des espaces publics et l’anarchie causée par les marchands ambulants.

Le 23/07/2018 à 21h42

L’adjudication d’un marché pour l’acquisition de matériel et produits insecticides, de dératisation et de lutte contre les chiens errants, à Casablanca, a soulevé un tollé général au sein du Conseil de la ville à majorité PJDiste. En effet, son président, Abdelaziz El Omari, avait alloué un budget de 20 millions de dirhams à la société de développement local «Casa-Prestations» pour effectuer cette opération. Cette gestion déléguée avait fait, auparavant, l’objet d’une modification permettant à ladite société d’élargir son champ de prestations en incluant la lutte contre les rats et les insectes, ainsi que celle contre les chiens errants. Une prestation qui coûtait 7 millions de dirhams au Conseil de la ville avant qu’il ne triple ce budget pour le virer sur le compte de «Casa-Prestations» en février dernier. Mais, jusqu’au jour d’aujourd’hui, cette opération n’a pas encore été exécutée.

Notre confrère Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 24 juillet, qu’après le déclenchement de cette affaire au Conseil de la ville, le maire s’est empressé de contacter le directeur de «Casa-Prestations» pour lui demander d’exécuter rapidement la mission qui lui avait été confiée. Ce dernier a lancé un appel d’offre international pour l’acquisition d’insecticides à raison de 500.000 dirhams. Une procédure que le PJD a essayé de camoufler quand le directeur de contrôle chargé de l’exécution a tenté d’acheter ces produits auprès d’une société tunisienne au prix de 180 dirhams le Kilo au lieu des 300 en vigueur. Mais les médecins des services sanitaires se sont opposés à cette transaction en affirmant que la qualité de ces produits ne correspond pas aux critères qui figurent dans le cahier des charges.

La vice-présidente du maire, Nabila Rmili, chargée du service sanitaire de la ville, a toutefois déclaré au journal Al Akhbar que ce marché a été rendu public il y a à peine deux jours. Quant à «Casa-Prestations», elle n’a reçu le budget qui lui a été alloué que depuis une quinzaine de jours et non au mois de février, comme annoncé par certains. La conseillère communale ajoute que la mairie a décidé de tripler le budget de la dératisation et de la lutte contre les insectes et les chiens errants pour couvrir le plus d’espace possible au sein de la cité. Ceci étant, ajoute-t-elle, malgré le virement de 20 millions de dirhams à cette société, ce sont les médecins et les fonctionnaires des services communaux qui veilleront à l’exécution de cette opération sous sa supervision personnelle. Elle a, en outre, précisé que ce marché avait été adjugé à une société marocaine et que les produits seraient achetés localement, selon les critères du cahier des charges.

Le journal Al Ahdath Al Maghribia se penche, pour sa part, dans son édition du mardi 24 juillet, sur un autre fléau qui défigure la ville de Casablanca. Il s’agit de l’occupation illégale des espaces publics, qui prend une autre ampleur pendant la période estivale. Les propriétaires des cafés ne se gênent aucunement pour encombrer les trottoirs avec des chaises et des tables, afin de profiter autant que possible des recettes de la «terrasse». Les piétons sont donc obligés de contourner ces obstacles pour emprunter la chaussée, s’exposant ainsi dangereusement au risque d'être fauchés par les voitures. Samir, un trentenaire, est furieux contre cet état de fait: «Je suis sidéré devant la passivité des autorités locales et des élus qui ne bougent pas le doigt face à l’occupation anarchique des espaces publics, mettant ainsi en danger les piétons et, surtout, les enfants». Ce n’est pas du tout l’avis de Mourad, un propriétaire de café qui rétorque que, pour exploiter la terrasse, il doit payer à la commune plusieurs taxes et impôts qui grèvent sa marge bénéficiaire. Il ajoute que, malgré qu’il soit déficitaire, il est obligé de servir les clients qui préfèrent siroter un café ou un thé sur la terrasse.

Saïd, un garçon de café, est, quant à lui, plus direct. Il condamne l’occupation illégale des espaces publics et affirme que tout le monde doit respecter la loi. Mais il met le doigt sur la cause principale de cette anarchie: «Certains propriétaires de cafés corrompent quelques responsables locaux pour occuper d’une manière excessive l’espace public. Ce que je ne comprends pas, c’est qu’on interdise à certains ces avantages alors que d’autres en profitent allègrement».

Dans ce désordre «toléré», les quartiers ne cessent d’être envahis par des souks ambulants qui finissent souvent par devenir permanents. Les habitants de plusieurs quartiers, et pas seulement les plus populaires, vivent un calvaire quotidien avec des nuisances sonores, sanitaires et autres causées par les marchands ambulants qui squattent même les boulevards les plus fréquentés de la ville.

Par Samir Hilmi
Le 23/07/2018 à 21h42