Tétanisé par la proclamation de l’État kabyle, le régime d’Alger interdit une conférence sur Mouloud Mammeri, déclencheur du «printemps berbère»

Le critique littéraire Hend Sadi (à gauche), auteur du livre Mouloud Mammeri au cœur de la bataille d'Alger, et un crayonné de Mouloud Mammeri (à droite).

La chape de plomb qui s’abat sur la Kabylie se durcit après la proclamation de l’indépendance de l’État kabyle. Le régime algérien, déboussolé, empêche la tenue d’une conférence sur une figure de proue de la résistance et de la culture kabyles: Mouloud Mammeri.

Le 26/04/2024 à 08h47

L’annonce proclamée samedi 20 avril à New York devant le siège de l’ONU, par Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et du Gouvernement provisoire kabyle (Anavad), de l’indépendance et la renaissance de l’État kabyle a semé un vent de panique chez les caciques de la junte algérienne, qui a procédé à l’annulation d’une simple rencontre littéraire dédiée à la vie et à l’œuvre de Mouloud Mammeri, chantre de la défense et la promotion de la culture kabyle, assassiné en 1989 par les spadassins du régime à son retour d’un colloque tenu à Oujda sur l’amazighité.

Déçu par cette interdiction, Hend Sadi, qui devait animer cette conférence et par ailleurs auteur d’un livre intitulé «Mouloud Mammeri au cœur de la bataille d’Alger», a fait part de son mécontentement sur les réseaux sociaux suite à cette censure et donné un aperçu historique sur l’incoercible tactique de musellement des généraux algériens. «Mammeri censuré mort ou vif», se désole-t-il, rappelant qu’en «1980 à Tizi Ouzou, on avait interdit de parler à Mouloud Mammeri. En 2024, à Sidi Aïch, on interdit de parler de Mouloud Mammeri».

Environ trente-cinq ans après son assassinat, l’auteur de «La Colline oubliée» et de «L’Opium et le bâton» continue de donner des cauchemars aux gérontes à la tête du système, parce qu’il avait en 1980, c’est-à-dire il y a plus de quatre décennies, initié le «printemps berbère». Cette année-là, des affrontements avaient éclaté à la capitale Alger et en Kabylie entre les militaires et les Kabyles après le refus des autorités de permettre à l’écrivain de dispenser une conférence sur l’ancienne poésie amazighe à l’Université de Tizi Ouzou.

Officiellement, environ 130 personnes d’origine kabyle ont été tuées par les militaires au cours de ces terribles événements. Le nombre réel de morts parmi les populations civiles, tombés sous les balles de l’armée algérienne, dépasserait en réalité selon certaines sources 500.

Pour rappel, l’annonce de l’indépendance de l’État kabyle a été faite, samedi 20 avril à 18h57, heure de Kabylie, par Ferhat Mehenni devant le siège des Nations unies à New York. La date, loin d’être anodine, coïncidait avec la commémoration des tragiques printemps kabyles de 1980, 1981 et 2001. Le choix de l’heure fait, quant à lui, référence à la bataille d’Icheriden, qui a eu lieu le 24 juin 1857 en Kabylie entre les troupes françaises dirigées par Jacques Louis Randon et une armée kabyle.

Par Saad Bouzrou
Le 26/04/2024 à 08h47