La scène était inédite: pour la première fois, un président du Sénat français foulait le sol de Laâyoune. Sous les acclamations des élus venus l’accueillir, Gérard Larcher, entouré d’une délégation de sénateurs, a pris la parole, lundi 24 février, pour réaffirmer la position de son pays: «Pour la France, le présent et l’avenir du Sahara s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. L’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue. Le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 constitue la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.»
Pour le président du Sénat français, il s’agit d’«un moment singulier dans la relation entre la France et le Maroc, un moment qui n’a pas tout à fait d’équivalent, un moment qui constituera un jalon important de notre relation bilatérale».
(H.Yara/Le360)
Gérard Larcher a ensuite souhaité revenir, de manière détaillée et solennelle, sur la nouvelle approche française au sujet du Sahara. S’appuyant sur la vision royale évoquant un «nouveau livre» à écrire entre le Maroc et la France, le président du Sénat a souligné le rôle majeur que son institution a joué pour faire évoluer la position de la République française. «Le Sénat a très tôt œuvré pour que soit prise une initiative diplomatique afin que la France, qui a toujours accompagné le Maroc dans ses défis existentiels, prenne en compte les évolutions intervenues depuis 2007. Pour que la France laisse de côté toute ambiguïté. C’est désormais chose faite: la voix du Sénat a fini par être entendue et par se faire entendre. Et je suis venu vous donner une assurance supplémentaire», a-t-il rappelé.
Il s’agit d’une politique désormais portée par toutes les institutions françaises, comme l’a signalé Gérard Larcher: «Le soutien de la France au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine comme seul et unique cadre de règlement est acquis. Il est le fait des institutions de la République française, dans leur diversité. Il n’est pas le fruit d’une politique gouvernementale. Il est désormais la politique de la République française. Oui, de la politique de la République française.»
Un tel engagement ne peut se limiter aux discours, il doit également se confronter aux faits. Et les faits, tels qu’observés par le président du Sénat et sa délégation, sont incontestables: le Sahara marocain est un modèle de développement et de stabilité.«Rien ne vaut la force du déplacement in situ. Rien ne remplace la constatation de visu, par soi-même, de la réalité. Et la réalité, celle que nous pouvons constater, impressionne, au-delà des attentes. Je suis arrivé à Laâyoune, avec les Sénateurs qui m’accompagnent, il y a à peine quelques heures, et déjà, nous avons pu nous rendre compte à quel point, selon la volonté de Sa Majesté le Roi du Maroc, votre ville, votre région, sont en plein essor», a signalé Gérard Larcher.
Qu’il s’agisse des infrastructures, des équipements sociaux, de la recherche constante d’un développement durable: le Sahara constitue un modèle de réussite pour l’ensemble d’une zone sahélo-saharienne en proie à des tensions, estime le président du Sénat français. «Un modèle qui s’inscrit dans une vision géostratégique du Maroc et se présente comme une opportunité de désenclavement et de développement pour bien des États qui vous entourent. Telle est la promesse de votre pays. Et cette promesse se matérialise sous nos yeux. Dans vos ambitions, la France est prête à vous accompagner», fait-il observer.
Mais au-delà des progrès visibles sur le terrain, c’est aussi sur le plan diplomatique que les lignes bougent, avec une reconnaissance sans équivoque de la position marocaine. «Le “nouveau livre” de notre relation bilatérale, pour reprendre le beau projet de Sa Majesté le roi Mohammed VI, a désormais une illustration cartographique. Quoi de plus éclatant qu’une carte pour montrer l’identité de vues entre le Maroc et la France? Cette carte, celle que la France a fait sienne de façon officielle, est désormais sans ambiguïté: elle montre le rattachement au Maroc des régions méridionales. De toutes les régions méridionales. Mais ce n’est pas tout. Le lancement de l’Alliance française à Laâyoune témoigne d’une volonté d’action culturelle et éducative accrue de la France dans ces régions. Notre action consulaire sera amenée à s’y déployer. Nos entreprises sont prêtes à s’engager, à vos côtés, pour prolonger les projets de développement», a noté Gérard Larcher.
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Et la diplomatie parlementaire a toute sa place pour expliquer que «la position française, assumée de façon souveraine, n’est une déclaration hostile à l’encontre d’aucun État, et que l’amitié franco-marocaine, si solide, si ancienne, si profonde soit-elle, n’est pas exclusive d’autres liens, au Maghreb comme ailleurs (...) Ensemble, avec les associations regroupant les entités territoriales, je vous propose de donner un nouvel élan à la diplomatie des territoires entre collectivités françaises et marocaines. Un nouvel élan qui embrasse tout le Maroc, conformément aux décisions prises: depuis Tanger aux confins du Sahara».
Le président du Sénat français, Gérard Larcher, accompagné d’une délégation de haut niveau, à Laâyoune. (H.Yara/Le360)
Et si les accords politiques tracent le cadre des relations entre États, c’est la force des symboles et des émotions qui leur donne tout leur sens. «Permettez-moi une citation: “L’amitié qui se lit sur les visages et dans les gestes devient comme une prairie dessinée par un rêve”. Ainsi s’exprime Tahar Ben Jelloun dans son roman «La soudure fraternelle». Une «soudure fraternelle», telle a toujours été la marque des relations entre la France et le Maroc. Mais il manquait à cette soudure fraternelle comme un membre, une partie d’elle-même. Si je lis ce soir tant d’amitié dans vos visages et dans vos gestes, c’est que l’histoire s’est accomplie dans le consentement, et que la «soudure» est désormais irréversible: aux yeux de la France, les provinces du Sud s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine.»