Document. Ces preuves qui montrent les liaisons dangereuses entre le Polisario, l’Algérie, le Hezbollah et la Syrie de Bachar

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et le chef du front Polisario, Brahim Ghali.

Des documents secrets que le régime déchu de Bachar al-Assad n’a pas eu le temps de détruire révèlent des liens profonds entre le front Polisario, le Hezbollah et le régime syrien, par l’entremise de l’Algérie et l’Iran. Le360 a eu accès à l’un d’eux. Ces révélations confirment des alliances terroristes de longue date, avec entraînements militaires, opérations spéciales et entreaide à tous les niveaux.

Le 21/04/2025 à 20h35

Les cartons de documents abandonnés par l’ancien dictateur syrien Bachar al-Assad lors de sa fuite précipitée de Syrie, après la chute de son régime, commencent lentement à livrer leurs secrets. Aujourd’hui aux mains du gouvernement de transition, une partie de ces documents concerne les liaisons dangereuses entre le front Polisario, le régime syrien déchu et le Hezbollah libanais. Des connexions soutenues politiquement, matériellement et logistiquement par l’Algérie, parrain du Polisario, d’un côté, et l’axe Syrie-Iran, protecteur du Hezbollah, de l’autre.

Aujourd’hui, ces liens se font jour. Une note confidentielle, datant de 2012, des services de renseignements syriens, les fameuses «moukhabarates», dont Le360 détient une copie, en apporte une éclatante preuve. Et nul doute qu’il existe une multitude de documents similaires.

La note confidentielle des renseignements  syriens sous l'ère al-Assad établissant des liens étroits entre Polisario-Algérie et Syrie-Hezbollah-Iran.

Sous la houlette d’Alger…

Datant de 2012 (ce qui en dit long!), cette note est adressée par les services de renseignements de Bachar al-Assad à un général syrien, «chef de la branche 279». Elle porte sur l’accord donné par Damas à la participation de factions de «l’armée sahraouie», autrement dit le Polisario, à des entraînements militaires organisés par l’armée syrienne. Le tout, sous les auspices de l’Algérie et par son entremise.

«Suite à des correspondances antérieures concernant la demande des commandants de la république arabe sahraouie d’envoyer des factions de l’armée sahraouie pour une formation et un entraînement militaire avec les forces de l’armée arabe syrienne, des échanges ont eu lieu entre les ministères de la Défense algérien et syrien sur ce sujet, qui a reçu une grande attention des deux pays frères», peut-on lire dans le document.

La même note précise qu’un délégué des renseignements syriens, stationné en Algérie, a tenu une réunion avec Mohamed Abdelaziz, alors chef du Polisario et président de la pseudo-RASD, à sa résidence dans les camps de Tindouf. La réunion a eu lieu en présence d’Ibrahim Ghali, actuel chef du groupe séparatiste, et d’un autre dirigeant, Abdelkader Omar. L’objet en était le lancement de la mise en œuvre de l’accord. Lequel accord a été «signé par les trois parties: l’Algérie, le Sahara occidental et la Syrie». Les entraînements devaient avoir lieu au siège du commandement des forces terrestres en janvier 2012 et accueillir 120 combattants sahraouis, répartis en quatre factions.

…Avec la bénédiction du Hezbollah

Mieux encore, dans cette même note, nous apprenons les liens étroits entretenus entre le Polisario et le Hezbollah chiite. En effet, l’entraînement s’est déroulé avec l’aval préalable de ce dernier. «Notre source au sein du commandement du front Polisario a également rapporté que des responsables ont effectué un troisième voyage à Beyrouth en décembre 2011 pour consulter la résistance libanaise (le Hezbollah, NDLR) et coordonner la mission de formation, d’entraînement et de participation à des opérations spéciales sur le territoire syrien», lit-on encore.

Lors de ce voyage, la délégation du Polisario a même cherché à rencontrer le chef du mouvement chiite. «La délégation du front de libération de Sakia El Hamra et Oued Eddahab n’a pas pu rencontrer S.E. Hassan Nasrallah, se contentant d’un entretien avec un haut responsable de la résistance libanaise», indique encore la note.

Des contacts réguliers

Les conclusions à tirer de cette note sont claires comme de l’eau de roche. Les liens entre le duo Polisario-Alger et le trio Syrie-Hezbollah-Iran sont non seulement avérés, mais datent de fort longtemps avec des contacts réguliers, une proche collaboration, une complicité et entraide à tous les niveaux, ainsi qu’un soutien militaire et logistique conséquent. Un axe du mal élargi dont le fil rouge n’est autre que le terrorisme comme mode d’action et d’organisation. Aujourd’hui, la boîte de Pandore est grande ouverte et bien d’autres révélations sont à venir. La hardiesse dont le régime d’Alger a fait preuve pour défendre son alter ego syrien peu avant sa chute trouve ainsi tout son sens.

Jusqu’aux derniers soubresauts du régime syrien, Alger a ramé à contre-courant des événements, s’empressant de publier à chaud un communiqué officiel, le mardi 3 décembre 2024, dans lequel il annonçait son soutien absolu au pouvoir syrien, confronté selon Alger à une «agression terroriste». Le 8 décembre, Bachar al-Assad prenait la fuite vers Moscou sans prévenir ni les membres de sa famille ni ses plus proches collaborateurs.

Avant sa chute, l’Algérie n’a d’ailleurs jamais caché son grand soutien diplomatique et stratégique à Bachar al-Assad («retour» au sein de la Ligue arabe en mai 2023 au sommet de Riyad, «activisme» pour le rapprochement avec les Émirats arabes unis et Bahreïn, vote favorable en sa faveur au Conseil des droits de l’Homme à Genève à 9 reprises, actions humanitaires, médiation avec la Turquie…).

Game over

La note précitée, et les milliers d’autres encore en dépouillement et en instance de leaks, expliquent notamment pourquoi, dans les cercles politiques occidentaux, notamment américains et britanniques, les langues commencent à se délier, appelant à classer le Polisario comme organisation terroriste. Comme il ne faut désormais plus s’étonner du nombre impressionnant d’analyses et de policy papers émanant des think tanks de référence et incriminant tant le groupe séparatiste que l’Algérie.

On citera notamment le député britannique Liam Fox, membre de la Chambre des communes, ancien ministre de la Défense et candidat à la tête du Parti conservateur, principale formation d’opposition en Grande-Bretagne. Samedi dernier, il a plaidé pour que les gouvernements occidentaux considèrent le groupe séparatiste du Polisario comme une «organisation terroriste». «Au même titre que le Hamas et le Hezbollah, le front Polisario est un proxy de l’Iran. Pour nos alliés marocains, les gouvernements occidentaux doivent agir rapidement pour considérer ce groupe comme une organisation terroriste», a écrit Liam Fox.

Avant lui, le congressman Joe Wilson n’a cessé d’appeler à incriminer le front séparatiste. Le 11 avril dernier, il annonçait avoir entamé l’introduction d’une loi dans ce sens. Pas plus loin que dimanche dernier, le même Joe Wilson insistait pour que le Polisario soit classé comme «groupe terroriste étranger» par l’administration américaine. «Trump va s’en occuper», a-t-il promis.

S’y ajoutent les révélations faites par des journaux aussi prestigieux que le Washington Post qui a fait état de centaines de prisonniers du Polisario, envoyés par l’Iran pour combattre aux côtés du régime syrien. «Au fil des ans, l’Iran a soutenu un large éventail de groupes mandataires pour promouvoir ses intérêts. L’Iran, par exemple, a formé des combattants du front Polisario, un groupe rebelle basé en Algérie qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental vis-à-vis du Maroc. Des centaines de ces combattants sont actuellement détenus par les nouvelles forces de sécurité syriennes», écrit WaPo dans son édition du 12 avril dernier.

Extrêmement à charge contre une Algérie qui abrite, finance, arme et arrange les déplacements du Polisario auprès de l’armée de Bachar et du Hezbollah, la note en question, sans doute la première d’une longue série, confirme à bien des égards la voie résolument terroriste empruntée par le Polisario et son sponsor. Grand déballage en vue et c’est probablement l’une des explications de l’agitation du régime d’Alger qui, désemparé et ainsi mis à nu, joue les trouble-fête en sonnant «la mobilisation générale», un prélude à la terreur par l’épouvantail de la guerre.

Par Tarik Qattab
Le 21/04/2025 à 20h35