À la fin de l’été dernier, le Maroc a sélectionné un groupe israélien -vraisemblablement Israel Aerospace Industries (IAI)- pour lui fournir un nouveau satellite d’observation, qui doit remplacer Mohammed-VI A, lancé en 2017 et fabriqué par le duo français composé d’Airbus Defence & Space (ADS) et de Thales Alenia Space (TAS), rapporte le média français La Tribune, citant des sources concordantes.
L’offre présentée par les deux groupes français, qui ont participé à cette compétition, n’a visiblement pas eu les faveurs des autorités marocaines. À en croire la même source, Rabat aurait même refusé de recevoir des représentants de la Direction générale de l’armement (DGA), département du ministère français des Armées, qui souhaitait alors pousser les offres des groupes français.
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Pour rappel, en 2013, le gouvernement marocain avait acquis auprès de Thalès et Airbus deux satellites d’observation, pour un marché correspondant à plus de 500 millions d’euros. Il s’agit d’un système composé de deux satellites de reconnaissance et d’observation de la Terre (A et B) de type Pléiades. Le premier satellite a été lancé en novembre 2017, puis le second un an plus tard, en novembre 2018.
Baptisées Mohammed VI A-B, les deux satellites avaient été fabriqués par TAS, comme maître d’œuvre du système, et Airbus, comme co-maître d’œuvre. Thales avait fourni la charge utile, comprenant l’instrument optique, le sous-système de transmission d’images et le segment sol pour le traitement et la production d’images, tandis qu’Airbus était en charge de son intégration, ainsi que de la fourniture de la plateforme et du segment sol pour la planification des missions et le contrôle du satellite, détaille le média français.
Le timing d’une «fuite»
Fondé en 1948, le groupe israélien Israel Aerospace Industries est actif dans les secteurs de la défense et de l’aérospatiale. En plus des avions militaires et des hélicoptères, son expertise englobe des systèmes et des solutions dans des domaines aussi divers que les satellites de reconnaissance et les radars, s’étendant à tous les aspects de la commande, du contrôle, et des communications, y compris dans les sphères de l’informatique et de la cybernétique.
L’information fuitée dans le quotidien économique français La Tribune interpelle par son timing. Elle intervient en pleine guerre entre Israël et le Hamas et peut être considérée comme une manœuvre visant à embarrasser les autorités marocaines auprès d’une frange de la population pro-palestinienne. Elle intervient aussi au moment où les relations entre Rabat et Paris connaissent un réchauffement relatif, après une longue période de glaciation. Cette information semble également sciemment ignorer l’essentiel: pourquoi le Maroc aurait opté pour un satellite israélien? De quelles insuffisances technologiques souffrirait l’offre française?