Aucune chance de réussite pour le projet maghrébin algérien

Drapeaux de l'UMA.

Revue de presseL’initiative d’Alger ne dépasse pas le cadre d’un «Forum politique» éphémère. Et son coût financier, supporté par le régime algérien, serait bien plus important qu’un quelconque intérêt qu’elle pourrait présenter, surtout pour la Tunisie et l’Algérie. Une revue de presse de l’hebdomadaire Al Ayyam.

Le 26/04/2024 à 21h34

Ce que l’Algérie a tenté de créer avec la Tunisie et la Libye, supposé être un «bloc régional», est mort-né. Ce projet manque d’éléments capables de garantir sa viabilité. Le constat émane de Saïd Sadiki, professeur de relations internationales à l’Université Sidi Mohammed Benabdellah de Fès.

Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Al Ayyam, l’académicien estime que les relations internationales ne sauraient souffrir de vide, ni d’immobilité. Ainsi, face à la paralysie dans laquelle est plongée l’Union du Maghreb, et partant du fait que la région connaît des changements majeurs mus par des intérêts régionaux et internationaux, il est tout à fait logique que l’Algérie, tout comme le Maroc, prenne des initiatives de rapprochement avec leur entourage. Cela fait partie de la rivalité qui a toujours prévalu entre les deux pays.

Sauf qu’aujourd’hui, le Maroc est clairement en passe de jouer un rôle clé dans cette région du Sahel, du Sahara et de l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble, au moment où l’Algérie se trouve de plus en plus isolée. Face à cette situation, Alger tente de se rattraper en se tournant vers ses voisins de l’Est pour créer une entité régionale avec pour ambition de jouer un rôle dans la région. Une sorte d’alternative provisoire à l’Union du Maghreb.

Seulement, analyse le spécialiste des relations internationales, si l’Algérie peut se permettre cette lubie financièrement, la crise politique et économique en Tunisie et sécuritaire en Libye ne militent pas pour la réussite de cette initiative. L’un des éléments fondamentaux de la viabilité et de la réussite de tout groupement régional est la stabilité politique et sécuritaire, en plus de la complémentarité économique.

Aucun de ces éléments n’est réuni dans cette initiative, qualifiée par l’universitaire de «Forum politique provisoire», qui s’inscrit dans un jeu de rivalité habituel entre les deux pays, l’Algérie et le Maroc. Et même si cette initiative est appelée à durer dans le temps, son coût financier serait sans doute bien plus important que l’intérêt que ces pays, principalement la Tunisie et la Libye, pourraient en tirer. Ce qui en fait une initiative isolée, coûteuse et sans intérêt dans un environnement qui fait face à des enjeux bien plus importants. En plus des défis politiques et sécuritaires auxquels fait face la zone sahélo-saharienne ainsi que toute l’Afrique de l’Ouest, il est logique qu’elle soit aujourd’hui au cœur des convoitises des puissances régionales et mondiales, étant donné son importance économique et géopolitique.

Dans ce contexte, et en l’absence d’un bloc régional solide que pouvait constituer l’Union du Maghreb, le Maroc s’est vu contraint de chercher un autre espace régional vital, en dehors du Maghreb. C’est dans le cadre de cette stratégie que rentre le lancement de son initiative des États africains Atlantiques et son adhésion à l’initiative américaine de coopération atlantique, initiée en septembre 2023, qui regroupe 40 États de l’Afrique, des Amériques, de l’Europe et des Caraïbes.

Dans la stratégie marocaine, poursuit l’universitaire, on trouve deux axes. Celui atlantique, une zone en pleine mutation qui constitue une occasion pour le Royaume de renforcer son positionnement régional et international, compte tenu du fait que les Etats-Unis comptent sur le Maroc pour la réussite de leur initiative atlantique, en raison de leurs relations solides et diversifiées avec les pays ouest-africains et atlantiques.

Le deuxième axe dans la stratégie marocaine est celui du Sahel, en offrant aux quatre pays de cette région la possibilité d’un accès à l’Atlantique. Ce sont donc deux initiatives complémentaires, dont la mise en œuvre englobe d’autres facteurs d’intégration régionale comme celui que représente le Gazoduc-Nigeria Maroc.

En somme, c’est une revanche de l’histoire, puisque l’Algérie a toujours tenu, et réussi à écarter le Maroc des initiatives qu’elle avait entrepris avec les pays de la région. Ces blocs et initiatives lancés avec les pays du Sahel et du Sahara étaient fermés au Royaume sous prétexte qu’il «n’est pas un pays saharien».

Par Amyne Asmlal
Le 26/04/2024 à 21h34