A Amnesty International, c’est l’hôpital qui se moque de la charité. Au sein de cette ONG qui dit faire de la défense des droits de l’homme son cheval de bataille, une affaire de discrimination raciale vient d’éclater au grand jour. Et c’est le journal britannique The Guardian qui la révèle dans une enquête mise en ligne le 20 avril 2021.
"Nous avons rejoint Amnesty dans l’espoir de faire campagne contre les violations des droits de l’homme, mais nous avons été plutôt déçus en réalisant que l’organisation a contribué à les perpétuer". Cette déclaration est de Katherine Odukoya, l’une des victimes de racisme, qui a décidé de dénoncer la culture du privilège blanc. Elle fait partie d’un groupe de huit employés, cités par le journal, qui ont décrit leurs propres expériences personnelles de victimes de discrimination raciale et publié une déclaration incitant les hauts responsables à présenter leur démission.
Katherine Odukoya, qui a travaillé au sein des campagnes et des équipes d'organisation de la communauté à Amnesty International United Kingdom (AIUK), a déclaré qu'en tant que femme noire, elle était constamment épuisée mentalement à naviguer dans un environnement "hostile à la noirceur". "Il existe une culture de classe moyenne blanche hégémonique qui semble être protégée. Le privilège des Blancs était omniprésent", dit-elle.
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Katherine Odukoya a décrit des collègues de AIUK commentant ses cheveux et demandant à les toucher, faisant des références négatives à son accent "urbain" et la qualifiant de "fille noire".
En 2019, elle a déposé une plainte pour discrimination raciale et sexuelle, alléguant qu'elle avait été manipulée pour travailler au-dessus de son niveau de rémunération. elle et Amnesty International UK sont parvenus à un règlement en mai de l'année dernière.
Une enquête interne du secrétariat d’Amnesty International, commandée après le suicide de deux membres du personnel en 2018, a fait état de brimades généralisées.
L’enquête a recensé plusieurs exemples de travailleurs rapportant des allégations de racisme. Entre autres faits: des cadres supérieurs utilisant le mot "Noir" avec des collègues taxés de trop sensibles lorsqu’ils se plaignent, le personnel noir mis à l’écart de certains projets, des commentaires désobligeants sur les pratiques religieuses de cette communauté, un comportement agressif et méprisant en particulier par courrier électronique adressé au personnel des bureaux du "Sud".
Kieran Aldred, 31 ans, a affirmé que le personnel appartenant à des minorités ethniques était négligé pour les promotions, les révisions de salaire favorisant systématiquement les hauts dirigeants blancs… à hauts revenus.
"Travailler pour AIUK a détruit ma confiance en moi, ma foi en mes capacités. Je ne pensais pas être suffisamment qualifié pour faire mon travail, qu’aucune organisation ne m’embaucherait, encore moins me promouvrait, et je souffrais de dépression et d’anxiété persistantes", a déclaré Kieran Aldred.
Cette affaire a fait un scandale tel que la directrice d’Amnesty International UK a dû s’excuser. Les allégations de discrimination seraient prises au sérieux, dit-elle. Mais, venant d’une organisation qui fait des droits de l’homme son cheval de bataille, le mal est déjà fait.