De deux choses l’une. Soit l’armée algérienne a récemment perdu toute trace de l’un (ou plus) de ses avions et autres aéronefs militaires, comme des hélicoptères ou drones de combat, et en appelle à la population pour l’aider à localiser les épaves de ces avions. Soit elle est à court de pièces de rechange, et donc de maintenance de sa flotte, son fournisseur quasi exclusif d’avions militaires, la Russie, ayant concentré tous ses moyens sur le conflit en Ukraine, obligeant la junte algérienne à s’empresser de prendre les devants en vue de préparer les Algériens à une inévitable nouvelle hécatombe de ses avions militaires.
Sinon comment percer le mystère qui se cache derrière l’énigmatique SMS estampillé MDN (ministère de la Défense nationale) que de nombreux Algériens ont reçu sur leurs smartphones dans la matinée d’hier vendredi?
Dans ce message il est demandé aux Algériens qu’au cas où ils seraient témoins de «crash d’avions ou hélicoptères», ils doivent en aviser immédiatement «le Services aérien de recherches sur le numéro rouge 1058».
La question qui se pose est de savoir ce que signifie ce «crash d’avions ou d’hélicoptères». S’est-il effectivement produit ou est-il supposé très probable?
Si l’on sait que le défaut de maintenance, dû au manque évident de pièces de rechange en raison de la guerre en Ukraine, fait courir de très gros risques de crashs d’avions, ce message bizarre pourrait aussi laisser transparaitre des tests ratés de drones, des gadgets dont l’armée algérienne est devenue friande, mais qu’elle achète d’occasion ou de très mauvaise qualité dans le cadre de ses pratiques mafieuses.
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L’on se rappelle, dans ce cadre, qu’en septembre 2022, un drone militaire d’espionnage tout juste acquis auprès de la Chine a été perdu de vue par l’armée algérienne, qui a remué ciel et terre pour le retrouver, avant que son épave ne soit découverte par hasard, plusieurs jours plus tard, par des villageois dans une localité relevant de la wilaya de M’Sila, à plus de 260 km au sud-est d’Alger.
Quant aux crashs d’avions militaires, ils sont devenus la première cause de décès dans les rangs de l’armée algérienne. L’accident le plus meurtrier enregistré en Algérie a eu lieu en 2018, suite au crash d’un Iliouchine II-76, un avion de transport militaire de fabrication russe, qui s’est écrasé quelques minutes seulement après son décollage de la base de Boufarik, au sud d’Alger, faisant 257 morts, en majorité des militaires et de nombreux miliciens du Polisario.
Quatre ans plus tôt, en février 2014, 77 militaires ont péri dans le crash d’un autre avion de transport militaire, à quelque 500 km à l’est d’Alger. En octobre de la même année, c’est un bombardier Sukhoï-24 de fabrication russe qui s’est écrasé, tuant ses deux pilotes, avant qu’un Mig-29 ne s’écrase à son tour le mois suivant, à 200 km au sud d’Alger lors d’une mission d’entraînement.
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Les accidents d’hélicoptères ne sont pas en reste. Ainsi, le 28 mars 2016, l’armée de l’air algérienne a perdu un hélicoptère de transport de troupes de type Mi-171, qui s’est écrasé lors d’une mission de reconnaissance près de Reggane, à 1.400 km au sud d’Alger. 12 militaires algériens y ont péri.
En mai et juin 2017, deux autres accidents d’hélicoptères militaires ont fait respectivement trois et deux morts, tandis que trois autres militaires ont été tués en décembre 2020 dans le crash en mer d’un hélicoptère des forces navales algériennes au large de Bouharoun, dans la wilaya de Tipaza.
Et last but not least, le 23 janvier dernier, trois militaires ont été tués dans le crash d’un hélicoptère de type Mi-171 près de la localité d’El Attaf, dans la wilaya d’Ain Defla (154 km d’Alger), lors d’une mission d’entraînement.
Ces accidents ne seraient cependant que la partie visible de l’iceberg, car le récent message du MDN algérien signifie aussi que d’autres accidents sont tus, tant qu’ils n’ont pas été découverts fortuitement par des badauds ou filmés par des témoins indiscrets.
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La dégradation de la situation sécuritaire dans le nord du Mali, où les rebelles indépendantistes touaregs, ont repris les hostilités militaires avec les autorités de Bamako, allant même jusqu’à abattre des avions maliens ou ceux utilisés par les mercenaires russes de Wagner, n’arrange guère les choses. En effet, ce regain de séparatisme concerne aussi le sud de l’Algérie dont la majeure partie du territoire est revendiquée par les rebelles touaregs, qui ont mené cette année de nombreuses opérations meurtrières contre l’armée algérienne dans la wilaya de Tamanrasset.
En attendant d’y voir plus clair, un indice ne trompe pas. Pour diffuser à grande échelle son mystérieux message, le MDN a utilisé le canal de l’opérateur mobile Djezzy, dont l’armée est devenue le premier client, après avoir claqué la porte à l’opérateur public Mobilis suite au scandale d’espionnage téléphonique commandité par la présidence algérienne et qui a visé plusieurs généraux, dont Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’armée.