Échanges commerciaux, investissements, secteurs d’activité... En chiffres, le point sur les relations entre le Maroc et la Chine

Lors d'une visite d'une délégation chinoise, présidée par le ministre du Commerce, Wang Wentao, le premier mars 2024 à Rabat.

Le Maroc et la Chine ont consolidé leur partenariat économique au cours des dernières années. La preuve: leurs échanges commerciaux ont augmenté de 50% entre 2021 et 2022, atteignant 7,6 milliards de dollars. Les détails.

Le 13/03/2024 à 13h03

En 2022, les échanges commerciaux entre le Maroc et la Chine ont bondi de plus de 50%, pour atteindre un volume de 7,6 milliards de dollars, plaçant ainsi la Chine comme le troisième partenaire commercial du Maroc et son allié économique numéro un en Asie.

Au-delà du commerce, les investissements chinois au Maroc ont également franchi un cap notable, avec plus de 56 millions de dollars injectés principalement dans les secteurs clés tels que l’industrie, le transport, l’énergie, et l’immobilier. Cette vague d’investissements reflète l’intérêt grandissant de la Chine pour le Royaume, perçu comme un partenaire stratégique de premier plan, estime Mehdi Laraki, président du Conseil d’affaires Maroc-Chine.

Selon ce professionnel, le Maroc accueille chaque année près de quarante délégations chinoises, qui viennent explorer les multiples opportunités qu’offre le Royaume, non seulement en tant que marché en soi, mais également comme porte d’entrée vers l’Afrique et l’Europe. «Ces visites, marquées également par la présence de représentants gouvernementaux, comme celle du ministre du Commerce, début mars, reflètent l’intérêt accru de l’empire du Milieu pour le marché local, encouragé par des retours positifs et un soutien actif du gouvernement chinois à l’exploration de cette nouvelle frontière économique», signale-t-il.

Mehdi Laraki met en avant l’évolution de l’approche chinoise, marquée par une volonté de construire des partenariats durables, loin de la démarche transactionnelle du passé. Le Maroc, avec ses accords de libre-échange et sa proximité avec l’Europe et l’Afrique, offre aux entreprises chinoises des avantages considérables en termes d’accès au marché et d’optimisation fiscale. Cette vision partagée vise à développer une coopération mutuellement bénéfique, facilitée par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), qui joue un rôle clé dans l’accompagnement des investisseurs chinois au Maroc.

«À la CGEM, nous recommandons aux entrepreneurs chinois de trouver un partenaire local déjà établi en Afrique, aux États-Unis ou en Europe. Cette approche leur permettra non seulement de gagner du temps mais aussi de bénéficier d’un accès plus facile au marché. Nous mettons également en avant l’importance de considérer la délocalisation d’une partie de leur production industrielle vers le Maroc, étant donné que notre pays offre un terreau fertile en opportunités. Situé à seulement quatorze kilomètres de l’Europe et jouant le rôle de porte d’entrée vers l’Afrique, le Maroc bénéficie de cinquante-six accords de libre-échange. Exporter depuis le Maroc vers ces régions leur permettrait, en toute logique, d’économiser sur les droits de douane et les coûts de transport», explique le président du Conseil d’affaires Maroc-Chine.

«Lorsque nous exposons ces opportunités, nous constatons un réel intérêt de la part des investisseurs chinois. Ils sont ouverts à l’idée de s’associer avec des partenaires locaux. Bien que leur marché intérieur, avec plus d’un milliard quatre cents millions de consommateurs, soit déjà conséquent, ils reconnaissent la nécessité de s’ouvrir davantage à l’étranger. Il est d’ailleurs important de souligner que de nombreux entrepreneurs marocains ont établi des partenariats avec des entreprises chinoises depuis plusieurs décennies», poursuit notre interlocuteur.

Mehdi Laraki note que les deux parties ont beaucoup à gagner en collaborant. Il fait valoir que malgré la proximité géographique avec l’Europe et l’Afrique du Nord, les entrepreneurs marocains ont une mentalité propre à eux, façonnée par la position géographique du pays à la jonction du sud de l’Europe, du nord de l’Afrique et de l’entrée de la Méditerranée, ainsi que par sa diversité culturelle. Cela leur permet de naviguer avec succès sur divers marchés, y compris ceux anglo-saxons, européens, africains et du Moyen-Orient. Toutefois, il admet que le marché chinois demeure largement inconnu pour le Maroc. C’est pourquoi il souligne l’importance de surmonter les barrières culturelles et de mieux comprendre les spécificités du marché chinois pour les entreprises marocaines.

Une multitude d’opportunités à exploiter

Les relations entre le Maroc et la Chine sont-elles donc encore à un stade embryonnaire? Mehdi Laraki aborde cette question avec nuance. Il affirme que, d’une part, il existe actuellement une réelle opportunité de développer des relations commerciales significatives avec la Chine. «Malgré des obstacles tels que la Covid-19 et la distance géographique, le marché chinois demeure prometteur pour le Maroc. Cependant, pour pleinement exploiter ces opportunités, il est crucial que les Marocains acquièrent une meilleure compréhension de la culture chinoise. D’autre part, le Maroc possède une main-d’œuvre qualifiée dans des secteurs comme l’aéronautique et l’automobile, lui conférant une stature mondiale. C’est pour cela qu’il faut saisir ces opportunités en collaborant avec des partenaires locaux et en capitalisant sur les avantages offerts par le Maroc, tant en termes de main-d’œuvre qualifiée que de position géographique stratégique», préconise-t-il.

Selon Mehdi Laraki, les entreprises chinoises sont particulièrement intéressées par les énergies vertes, la mobilité électrique, l’industrie et la construction. En revanche, du côté des Marocains, le secteur agroalimentaire se distingue comme une opportunité inédite. Il ajoute, par ailleurs, que la Chine demeure un marché de grande envergure et que les Marocains sont en mesure de fournir certains produits qui répondent à ses besoins. Toutefois, il estime qu’un accès plus élargi de ce marché nécessite une compréhension approfondie des règles et des procédures, telles que l’enregistrement des produits, la traduction et la terminologie. Bien que le processus puisse prendre du temps, les opportunités sont énormes, comme le montrent les entreprises marocaines qui ont réussi à progressivement développer leur présence en Chine.

Il y a un nombre considérable de Marocains ayant étudié en Chine et occupant désormais des postes de haut niveau dans le pays, ajoute Mehdi Laraki. «Cette diaspora constitue un atout important. De plus, il ne faut pas sous-estimer le rôle des deux banques marocaines implantées en Chine: Attijariwafa bank à Pékin et Bank of Africa à Shanghai. Leur présence avec des équipes permanentes dans ces villes, dédiées à accompagner les sociétés chinoises investissant au Maroc et souhaitant étendre leurs activités en Afrique, est très importante. De plus, les deux représentations diplomatiques montrent un réel intérêt pour le développement des relations commerciales entre nos pays respectifs. Il faut donc saisir ce momentum pour donner un coup de boost à ces relations économiques», conclut-il.

Par Hajar Kharroubi
Le 13/03/2024 à 13h03