Le360. Quels sont les contours techniques et stratégiques des deux projets récemment initiés par la Société régionale multiservices Marrakech-Safi (SRM-MS) dans la région, et qui concernent plus particulièrement les projets d’approvisionnement en eau potable du Grand Marrakech et des zones rurales de la Province de Safi?
Il s’agit de deux projets distincts, mais complémentaires dans leur finalité: garantir un accès sécurisé, équitable et de qualité à l’eau potable.
Le premier projet concerne l’approvisionnement en eau potable du grand Marrakech à partir des eaux de mer dessalées de la station de Safi. Ce projet ambitieux, financé à hauteur de 4,3 milliards de dirhams, intègre un système de pompage, un linéaire de conduites principales de transfert d’environ 188 kilomètres, pour le transport de plus de 100 millions de m3 annuellement. Les travaux engagent également la construction de 3 stations de pompage et un réservoir de mise en charge de 10 000 m².
Le second projet, qui donnera naissance à un réseau régional d’adduction structurant, porte sur l’extension du réseau vers des douars dans l’ensemble des zones rurales de la province de Safi (Sebt Gzoula, Jemaa Shaim, Tlat Bouguedra, Beddouza, Si Aissa, Chahda, Lebkhati), ainsi qu’à Youssoufia et ses zones rurales avoisinantes (El Gantour, Jnane Bouih, Sidi Chiker, Ighoud, Tiamim, Lakhoualka), avec l’accent porté sur la sécurisation de l’alimentation, la fiabilisation de la distribution et l’équipement en bornes-fontaines collectives.
L’investissement cumulé pour ces deux opérations est estimé à 4,7 milliards de dirhams. Ce montant, mobilisé grâce à un financement de l’Etat, permettra la réalisation et l’exploitation des conduites de transfert de l’eau de mer dessalée.
Au-delà de l’infrastructure, quel est l’impact socio-économique attendu de ces projets?
L’effet est multidimensionnel. D’un point de vue social, ces projets permettent de pérenniser la desserte de la population du Grand Marrakech et de desservir plus de 760.000 habitants des zones rurales ciblées.
Pour le Grand Marrakech, l’impact est éminent. Ce projet permettra de garantir une pérennisation de l’alimentation en eau potable dans un contexte caractérisé par une faible pluviométrie et une demande croissante de la ressource hydrique. Cela apportera des réponses concrètes à la problématique du stress hydrique et permettra d’accompagner les grands chantiers de la région.
En ce qui concerne les zones rurales des deux provinces, l’impact est immédiat sur la santé, avec une diminution des maladies liées à l’eau non traitée pour les habitants des douars de Safi et Youssoufia. Mais l’essentiel réside dans la dynamique de développement local. L’accès à une ressource régulière permet de libérer un capital temps essentiel pour les femmes et les jeunes, stimulant ainsi un épanouissement économique de ces zones.
Nous considérons ces projets non pas comme des interventions techniques isolées, mais comme des leviers d’aménagement du territoire au service de la réduction des disparités.
Qu’en est-il de l’implication des collectivités et des habitants dans la gouvernance de ces projets?
Le transfert d’eau de mer dessalée vers le Grand Marrakech résulte d’une vision stratégique nationale et d’une étude approfondie, reflétant l’engagement de la SRM-MS à assurer la sécurité et la durabilité de l’approvisionnement en eau potable et à mettre en œuvre des programmes ambitieux contre le stress hydrique régional.
Pour le rural, l’implication de l’ensemble des parties prenantes constitue une dimension cruciale. Dès la phase d’étude, nous avons travaillé en étroite concertation avec les élus locaux, les représentants des douars et les comités d’usagers. Cette approche participative a permis l’implication de toutes les parties intéressées dans les différentes étapes d’avancement des travaux. Cela nous a permis également d’identifier les zones prioritaires, de mieux planifier les points de distribution et d’assurer l’adhésion des populations.
Ces projets peuvent-ils être considérés comme des prototypes pour une généralisation à l’échelle régionale?
Tout à fait. Ce que nous réalisons aujourd’hui dans la Région Marrakech-Safi est reproductible. En effet, la SRM-MS vise à reproduire ce modèle partout dans la région pour garantir l’accès équitable à un service public de qualité à l’ensemble des citoyens. L’objectif étant de devenir un catalyseur de la convergence entre les politiques hydriques nationales, les exigences de l’État social et les réalités du terrain.
Nous capitalisons sur chaque projet pour enrichir notre ingénierie territoriale, optimiser les coûts d’investissement et renforcer les synergies avec d’autres services publics.
Ces initiatives s’inscrivent pleinement dans la vision stratégique du Nouveau Modèle de Développement et des politiques publiques de régionalisation avancée. En garantissant un accès équitable à l’eau, on construit aussi des territoires plus cohérents, plus résilients et mieux intégrés.