Comment une société de la famille Basri s’est retrouvée dans un gouffre financier

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Fath Al Khouloud Express, une des sociétés de la famille Basri, se trouve dans une situation financière critique. Après avoir subi les dommages de sa rupture de contrat avec UPS, elle doit aujourd’hui faire face à des créanciers et à des salariés qui réclament leurs dus.

Le 16/10/2017 à 14h14

Les temps sont durs pour la société Fath Al Khouloud Express (FAEX), appartenant à la famille de l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri. Cette société représentait l’Américain UPS au Maroc, avant que celle-ci ne décide de rompre unilatéralement le contrat en 2015. Selon des sources informées, cette dernière vit une crise financière sans précédent, conséquence du divorce avec UPS.

D’après nos informations, Fath Al Khouloud doit aujourd’hui faire face à des procédures judiciaires menées à la fois par des salariés et des fournisseurs. En cause, plusieurs charges ou dettes non honorées.

Selon nos sources, la société présente dans ses comptes plus de 4 millions de dirhams d’arriérés de salaires, auxquels s’ajoute une dette de plus de 2 millions de dirhams due à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) pour des cotisations non versées. Il en est de même pour d’autres charges patronales, comme les cotisations à la Caisse interprofessionnelle marocaine des retraites (CIMR) et à la mutuelle.

Concernant le seul volet salarial, FAEX présente au total des impayés de près de 8 millions de dirhams.

Et pour ne rien arranger, des fournisseurs, dont un loueur de véhicules de longue durée, réclament le règlement de leurs créances d’un montant dépassant les 3 millions de dirhams.

C’est dire que le sort semble s’acharner sur l’entreprise de la famille Basri. Cette dernière était, pour rappel, entrée en conflit avec l’américain UPS qu’elle avait accusé d’avoir rompu unilatéralement et de manière abusive leur contrat en 2015. Une procédure enclenchée aussitôt à la Cour d’arbitrage de Londres lui a donné droit à un dédommagement de 11 millions de dirhams.

Par ailleurs, nos sources confient que les commissaires aux comptes chargés d’auditer les comptes de Fath Al Khouloud ont récemment constaté quelques anomalies qui pourraient aggraver la situation que vit l’entreprise.

La société présente également dans ses comptes plusieurs créances anciennes de montants parfois importants et qui n’ont pas été recouvrées ou que la société n’a pas tenté de récupérer.

Tous ces éléments placent aujourd’hui la société de la famille Basri dans une situation critique. Selon nos informations, les actionnaires ont déjà dû mettre la main à la poche en injectant, par deux fois, quelque 4 millions de dirhams dans le capital de FAEX. Mais cela n’a pas résolu tous les problèmes.

Contactée par le360, une source proche de la société confirme que la situation a été difficile depuis la rupture du contrat avec UPS qui représentait jusqu’à 50% du chiffre d’affaires de la société appartenant à la famille Basri. «Malgré la rupture abusive de ce partenariat, la société a fait le choix de garder tous ses salariés, même si la situation devenait difficile», nous explique-t-on. «Il y a eu des mois où, effectivement, la société n’a pas pu payer à temps les salaires ou a dû privilégier le règlement des créances de certains fournisseurs au détriment d’autres. Mais la situation est en train de changer», ajoute notre source.

En fait, FAEX prépare actuellement la relance, avec notamment l’adoption d’un nouveau modèle économique où l’activité serait basée sur plusieurs partenariats au lieu d’un seul comme ce fut le cas avec UPS. De cette manière, si l’un des partenaires se révélait défaillant, l’entreprise n’en serait pas impactée. Les partenaires avec qui elle s’est alliée sont MRW, Fedex ou encore GLS.

«Le passif de l’entreprise ne peut être épongé du jour au lendemain. Mais les nouveaux partenariats permettent de relancer l’activité et vont générer, à terme, le cash nécessaire pour assainir la situation», souligne notre source qui ajoute que des négociations sont en cours avec un fonds d’investissement pour assurer le financement nécessaire pour l’entreprise.

Par Younès Tantaoui
Le 16/10/2017 à 14h14