Accord sur les exportations de céréales ukrainiennes: pas de risque pour les importations marocaines

Le Maroc a diversifié son approvisionnement en céréales pour sécuriser son stock. (Photo d'illustration)

La possible non-reconduction par la Russie de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes pourrait affecter de nombreux pays, fortement dépendants de ces expéditions. Ce n’est pas le cas du Maroc, qui a su diversifier ses sources d’approvisionnement en céréales. Explications.

Le 16/07/2023 à 14h43

L’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes expirera le lundi 17 juillet prochain. Signé en juillet 2022 entre les Nations unies, l’Ukraine, la Russie et la Turquie, puis reconduit à deux reprises, ce texte a jusque-là permis d’exporter plus de 30 millions de tonnes de céréales, permettant de réduire l’impact de la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre russo-ukrainienne.

Mais pour Moscou, la reconduction de cet accord n’est pas à l’ordre du jour. Une décision, qui, une fois entérinée, pourrait lourdement affecter les approvisionnements de nombreux pays fortement dépendants de ces expéditions.

Le cas du Maroc

Le Maroc pourrait-il en pâtir? La réponse de Omar Yacoubi, président de la Fédération nationale des négociants en céréales et en légumineuses (FNCL), contacté par Le360, est catégoriquement négative. Pour lui, il n’y aura pas péril en la demeure, puisque «le Maroc ne s’approvisionne pas en très grandes quantités en Russie et en Ukraine».

En effet, jusqu’en 2021, l’Ukraine était encore le deuxième fournisseur de céréales du Maroc, avec 805.381 tonnes importées en 2021, derrière la France, avec plus d’un million de tonnes. Mais depuis le déclenchement de la guerre, le Royaume a quasiment suspendu ses importations de blé depuis l’Ukraine, et su diversifier ses sources d’approvisionnement pour sécuriser son stock de céréales.

Ainsi, sur plus de 5,2 millions de tonnes de blé tendre importées par le Maroc en 2022, seul un volume restreint de 64.292 tonnes provenait d’Ukraine. Et durant le premier semestre de l’année en cours, aucune graine de céréale ukrainienne n’a été débarquée dans les ports marocains.

Des sources d’approvisionnement diversifiées

Comme le détaillent les statistiques de la FNCL, au cours des 6 premiers mois de 2023, les importations marocaines de blé se sont chiffrées à 2,2 millions de tonnes, dont près de la moitié (environ 1 million de tonnes) provient de la France, premier fournisseur du Maroc. Le reste est acheté auprès de l’Allemagne (758.908 tonnes), la Pologne (156.104 tonnes), la Roumanie (138.185 tonnes), la Lettonie (60.249 tonnes), la Lituanie (42.798 tonnes) et le Canada (26.037 tonnes).

Principaux fournisseurs de blé tendre au Maroc durant le 1er semestre 2023

Pour autant, les importateurs marocains souhaitent une reconduction de l’accord céréalier pour éviter une flambée des cours mondiaux des céréales. Une situation qui poussera les pays riches à acheter de grandes quantités pour les stocker et les revendre aux pays pauvres à des prix exorbitants. «Une fermeture du corridor d’exportation ukrainien risque de renchérir les prix du blé et du maïs sur le marché mondial, ce qui désavantagerait beaucoup de pays importateurs de ces céréales», confirme Omar Yacoubi.

Par Elimane Sembène
Le 16/07/2023 à 14h43