Dix ans du Comptoir des Mines: une décennie d’art et d’engagement célébrée à Rabat

L’exposition de Rabat réunit des œuvres phares des artistes qui ont marqué l’histoire de la galerie Comptoir des Mines de Marrakech. (S.Bouchrite/Le360)

Le 25/09/2025 à 12h33

VidéoÀ l’occasion de son dixième anniversaire, la galerie Comptoir des Mines investit la Galerie Bab Rouah à Rabat avec une exposition du 25 au 30 septembre 2025. Intitulée «Les 10 ans d’une expérience artistique singulière au Maroc», cette manifestation retrace une décennie de créations, de dialogues et d’engagements qui ont marqué le paysage de l’art contemporain national.

Dix ans déjà, et autant de chemins ouverts. Créée en 2016 par Hicham Daoudi, la galerie Comptoir des Mines de Marrakech a su tracer une trajectoire singulière, faite d’engagements, de questionnements et de rencontres décisives. Installée dans un bâtiment Art déco méticuleusement réhabilité au cœur du quartier Guéliz, elle s’est imposée comme un véritable laboratoire d’expérimentation et de création contemporaine.

Dès son ouverture, la galerie s’est affirmée comme un espace de résistance et de révélation, défendant l’art émergent et donnant voix à des récits souvent relégués en marge: mémoire des bassins miniers, monde ouvrier, imaginaire amazigh, regards féminins, urgences climatiques ou encore tensions Nord-Sud. Autant de thématiques qui ont façonné son identité et nourri un dialogue critique entre artistes, publics et territoires.

Une décennie de projets et de défis

Depuis 2015-2016, la galerie a porté plus de quarante expositions, individuelles et collectives, tout en participant à des publications et en s’ouvrant à l’international. Ces dix années ont traversé des épreuves collectives – de la pandémie de Covid au séisme d’Al Haouz – mais elles ont surtout été portées par des histoires humaines et artistiques d’une rare intensité. «Les artistes sont le véritable moteur de notre activité», confie Hicham Daoudi, qui voit dans cette célébration à Bab Rouah bien plus qu’une exposition: un hommage vibrant à la mémoire vivante et plurielle de l’art marocain.

Des artistes et des récits

L’exposition de Rabat réunit des œuvres phares des artistes qui ont marqué l’histoire du Comptoir des Mines: Hassan Bourkia, Khadija Jayi, Bachir Demnati, Latifa Toujani, Abdellah El Hariri, Larbi Cherkaoui, Sara Ouhaddou, Aymane Errachidi, Simohammed Fettaka, Mohammed Kacimi, Mariam Abouzid Souali, Diadji Diop, Hassan Darsi, Khalil Nemmaoui, Yasmina Alaoui, Mohammed Arejdal… Sans être un «best of», l’accrochage propose un tissage de récits et de gestes pluriels, révélant que l’art contemporain n’est jamais une définition figée.

Latifa Toujani, pionnière de la scène plastique marocaine, témoigne: «Bab Rouah fut ma porte d’entrée en 1973. Aujourd’hui, elle devient la porte de sortie des dix ans du Comptoir des Mines.» Pour Bachir Demnati, dont la carrière fut relancée par Hicham Daoudi après 35 ans de silence, «cette reconnaissance tardive est aussi une réinscription dans l’histoire plastique marocaine».

Au-delà d’un espace d’exposition, le Comptoir des Mines est aussi un lieu de recherche et de production. «La galerie a assuré une fonction institutionnelle de substitution», souligne Yiman Erraziki, responsable artistique du comptoir des Mines dans son texte publié dans le catalogue de l’exposition. Par son programme ambitieux et sa politique éditoriale, elle a contribué à construire des références solides et à historiciser l’art contemporain marocain.

Les défis des dix prochaines années...

Hicham Daoudi voit dans la prochaine décennie un basculement majeur: «L’intelligence artificielle va bouleverser les pratiques artistiques. Nous accompagnerons les nouvelles générations pour qu’elles s’approprient ces outils, questionnent le monde et y apportent leurs réponses.»

La célébration des dix ans de la galerie marrakchie à Bab Rouah n’a rien d’un bilan figé: elle s’apparente à une respiration, une halte dans un voyage en devenir. Chaque œuvre, chaque dialogue ajouté viennent compléter un puzzle encore inachevé, dont les contours dessinent peu à peu l’inscription du Comptoir des Mines dans l’histoire mouvante et plurielle de la modernité marocaine.

Par Qods Chabâa et Said Bouchrite
Le 25/09/2025 à 12h33