Vidéos. Professeur décapité en France: les autorités françaises "en guerre" contre l'islamisme radical

L'imam de Drancy, Hassan Chalghoumi (masque sanitaire, au milieu) et l'écrivain Marek Halter (à sa droite) s'adressent à la presse devant le lycée du Bois d'Aulne, le 19 octobre 2020, à Conflans-Sainte-Honorine, au nord-ouest de Paris. 

L'imam de Drancy, Hassan Chalghoumi (masque sanitaire, au milieu) et l'écrivain Marek Halter (à sa droite) s'adressent à la presse devant le lycée du Bois d'Aulne, le 19 octobre 2020, à Conflans-Sainte-Honorine, au nord-ouest de Paris.  . ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Le 20/10/2020 à 07h23

VidéoLes autorités françaises ont déclenché hier, lundi 19 octobre, une série d'opérations visant la mouvance islamiste et promis "une guerre contre les ennemis de la République", trois jours après l'assassinat d'une rare sauvagerie du professeur Samuel Paty, qui a donné lieu à de nouvelles arrestations.

Quinze personnes, dont quatre collégiens, étaient hier soir, lundi 19 octobre 2020, en garde à vue et interrogées par les enquêteurs de l'antiterrorisme qui cherchent à établir si le meurtrier, un Russe tchétchène de 18 ans tué par la police, a bénéficié de complicités.

Selon une source proche du dossier, Samuel Paty a été "désigné" à l'assaillant, Abdoullakh Anzarov, "par un ou plusieurs collégiens, a priori contre une rémunération". Parmi les nouveaux gardés à vue figure également un homme condamné pour "terrorisme", qui déclare "spontanément avoir été en lien avec l'auteur quelque temps avant les faits", selon une source judiciaire.

Décapité vendredi près du collège de Conflans-Sainte-Honorine, au nord-ouest de Paris, où il enseignait l'histoire-géographie, Samuel Paty a été visé, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, par une "fatwa" émise par un parent d'élève et un prédicateur -tous deux en garde à vue- pour avoir montré des caricatures du prophète de l’islam pendant un cours sur la liberté d'expression.

En marge de l'enquête, "34 opérations de police" ont été réalisées lundi contre des personnes et des associations proches de la mouvance islamiste, a déclaré le ministre de l'Intérieur sur la chaîne de télévision TF1.

Plus tôt, il avait expliqué vouloir "faire passer un message : pas une minute de répit pour les ennemis de la République", sur la radio Europe 1.

Une vingtaine de contrôles administratifs seront effectués chaque jour pour "harceler" et "déstabiliser" cette mouvance, a précisé son entourage.

Le ministre a également annoncé avoir demandé à son administration de fermer dès lundi soir la mosquée de Pantin, une commune limitrophe de Paris, qui avait relayé sur sa page Facebook une vidéo dénonçant le cours sur les caricatures du prophète de Samuel Paty.

Ces opérations interviennent dans la foulée d'un Conseil de défense dimanche soir, pendant lequel le président français Emmanuel Macron a annoncé un "plan d'action" pour empêcher les islamistes de "dormir tranquilles" en France.

Selon Gerald Darmanin, 51 associations proches de cette mouvance sont dans le collimateur des autorités. Il a annoncé que plusieurs d'entre elles seraient dissoutes en Conseil des ministres, citant le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) et l'association humanitaire BarakaCity.

"La folie s'empare du ministre de l'Intérieur qui faute de ne rien trouver contre notre ONG profite de l’émotion suscitée" par le drame, a répliqué BarakaCity sur Facebook.

Depuis l'attentat, "plus de 80 enquêtes" ont aussi été ouvertes contre "tous ceux qui de façon apologique ont expliqué d'une manière ou d'une autre que ce professeur l'avait bien cherché", a dit Gerald Darmanin, affirmant que des interpellations avaient eu lieu dans ce cadre.

Affirmant que "la peur et l'obscurantisme ne l'emporteront jamais", le Premier ministre Jean Castex a annoncé "d'autres actions", notamment contre les associations "ennemies de la République", "sur la lutte contre la haine en ligne", "sur le renseignement et la surveillance de ces réseaux", ainsi qu'en matière de "sécurité des enseignants" et des établissements scolaires.

Le meurtre du professeur Paty a provoqué un électrochoc en France. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche pour défendre la liberté d'expression et dire "non à l'obscurantisme".

Un hommage national à Samuel Paty sera organisé mercredi à l'université parisienne de la Sorbonne, un "monument symbolique de l'esprit des Lumières et du rayonnement culturel, littéraire et éducatif de la France", a déclaré la présidence française. Emmanuel Macron a reçu lundi la famille du professeur.

Le Parlement européen a observé une minute de silence, tout comme le Sénat français. La cour d'assises spéciale de Paris, où sont jugés 14 accusés en lien avec des attentats de janvier 2015 à Paris, a aussi rendu hommage au professeur d'histoire-géographie.

Le chef de l'Etat a en outre rencontré dans la journée des représentants du Conseil français du culte musulman, qui dans la nuit de vendredi à samedi avait dénoncé "ceux qui cherchent une raison à ce crime ignoble".

Rassemblés dans l'après-midi devant le collège de Samuel Paty, des imams ont exprimé leur "colère" et leur "honte".

Une marche blanche sera organisée mardi soir à Conflans-Sainte-Honorine.

Après avoir réuni lundi les chefs de la police et gendarmerie, la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, a convoqué pour ce mardi les patrons des branches françaises des réseaux sociaux et plateformes Facebook, Twitter, Youtube, Tiktok et Snapchat, dans le cadre de la "lutte contre le cyber-islamisme".

Droite et extrême-droite ont rivalisé de propositions lundi, de la fermeture des mosquées "radicalisées" et de l'expulsion des imams étrangers radicaux à un moratoire sur l'immigration.

Hasard du calendrier, le Sénat examinait à partir de lundi une proposition de loi de la droite contre "l'islamisme radical", afin d'inscrire dans la Constitution la prééminence des règles de la République. Le texte, que le gouvernement juge inefficace, a toutefois peu de chances d'être adopté définitivement.

Le 20/10/2020 à 07h23